samedi 13 juillet 2013

Trail du Mont Aigoual - Quand c'est dur...


Après le difficile et technique Trail des Traces de Laudun où j'ai pris un gros coup de chaud qui m'a laissé 3 jours au lit avec une fièvre de cheval, me voilà à l'Espérou en ce début de Juillet pour le 37km. Il y a exactement 1 an, je courrais mon premier trail ici même mais sur le 15km. La différence c'est qu'aujourd'hui j'arrive avec beaucoup plus d'expérience, mais malheureusement je manque cruellement d'entrainement depuis près d'un mois et je sais que çà va être difficile.

Après le col de Montals

Arrivé sur place vers 8h, le temps est radieux et la température agréable à cette altitude (1200m) contrairement à la fournaise qui accable les vallées les plus basses ces derniers temps. Passées les habituelles formalités, récupération dossard, préparation, échauffement,... je me présente sur la ligne de départ à 9h15 avec près de 300 coureurs.
Du côté de Pueylong
Je me place en fond de grille, je n'ai pas beaucoup d'ambition aujourd'hui si ce n'est de finir, ne pas tomber pour une fois et surtout éviter un autre coup de chaud! Pour çà, je suis parti "full water", 2 bidons et une bouteille de secours dans le sac et je compte m'arrêter à tout les ravitos faire les niveaux. Je démarre doucement sous les hêtres et les pins de la forêt de l'Espérou puis j'accélère progressivement me sentant plutôt bien. Tout va bien sur ces premiers kilomètres de monotrace, à part les petits bouchons traditionnels sur les difficultés initiales. On contourne la Serre de Ginestous jusqu'au Col de Montals (1300m). Je cale mon rythme sur un groupe de coureurs devant moi en laissant quelques pressés remonter comme des fusées. On alterne chemins forestiers et monotraces très agréables roulantes et peu piégeuses. Il reste un peu d'humidité dans la forêt ce qui fait du bien et participe à la fraîcheur matinale, ce qui ne va pas durer malheureusement... Juste avant le premier ravito au km10, j'entends débouler derrière moi le leader du 15km qui nous rattrape déjà! Incroyable, ils sont partis 30 minutes après nous et les leaders sont déjà là! Au total avant la séparation des deux parcours au km12, ils sont près de 10 coureurs à m'avoir passé! Des furieux, je vous dis!
Sous le sommet de l'Aigoual
Après avoir contourné le village de l'Espérou, on attaque la première grosse ascension qui va nous mener à la station de Prat Peyrot en passant par le col de la Serreyrède. Je sors mes bâtons et je commence à alterner marche et course. Jusqu'ici tout va bien, je me sens plutôt bien, il ne fait pas trop chaud, mes bidons sont full! Mais lorsqu'on sort de la forêt à hauteur du col, je me prends un violent coup d'arrêt... la chaleur est accablante, il n'y a plus un mètre carré d'ombre... et çà monte sur une large piste pierreuse où même malgré mes lunettes de soleil, je suis ébloui... dans cette montée, je suis à l'arrêt... tout le monde me repasse et impossible pour moi d'aller plus vite... je marche affalé sur mes bâtons... pfff, j'en suis au km13 et je suis déjà en difficulté, çà promet!
Passée la station de Prat Peyrot, on récupère une large piste plate qui serpente à flanc de coteaux. Là encore, on est en plein soleil assez souvent et il faut relancer, toujours relancer sur ce plat interminable. Un point d'eau, j'en profite pour m'asperger d'eau et boire en grande quantité avant de reprendre mon chemin de croix. J'aperçois les deux tours marquants le sommet, mais on en est encore loin! Au km17, on récupère enfin une petite monotrace ombragée dans l'Arboretum de l'Hort de Dieu. Je me sens tout de suite mieux et je peux reprendre un rythme correct.
Sommet en vue!
Puis on fait la jonction avec le sentier des 4000 marches qui nous menera au sommet. Là plus question de courir, je reprends les bâtons et je monte doucement menant un petit gruppetto. Mais, la chaleur commence à repartir en flèche malgré les nombreux pins qui m'offrent un peu d'ombre. Je me sens de moins en moins bien et je finis par m'arrêter sur le bord du chemin, la tête qui tourne, les jambes en coton... la bonne hypo quoi... je sors une barre de céréales, je bois un max, je laisse repasser tout plein de coureurs que j'avais passer plus bas... le moral dans les chaussettes, je repars en direction du sommet en me disant que çà va passer. Mais, c'est pas le cas, après quelques minutes, je commence à avoir mal au ventre, je m'arrête encore... je croise un bénévole avec qui je partage mes difficultés, çà fait du bien de parler un peu. Je lui dis que je vais probablement arrêter en haut, je suis vraiment mal... il m'encourage à rejoindre le ravito avant de prendre une telle décision. Arrivé en haut, je suis dans les derniers d'après les organisateurs... je souffle, je mange un peu, je bois, je m'asperge, je survis...
L'Espérou depuis le sommet de l'Aigoual
Je décide d'essayer de poursuivre. Je sais que la suite du parcours jusqu'au 3ème ravito est principalement en descente. Je me dis qu'il faut un peu de temps pour assimiler ce que j'ai mangé et que çà va revenir d'ici là. Alors, je repars en marchant, je fais quelques photos et je profite de l'air présent au sommet, et je replonge en direction de Prat Peyrot.
Curieuses spectatrices
On emprunte des larges pistes surchauffées, roulantes, interminables. A ce moment, je pense à Isa qui déteste ce genre de terrain, et je la comprends, c'est chiant à mourir... j'ai juste envie de tourner à gauche et de redescendre à l'Espérou... mais voilà, je repousse à chaque fois ma décision et je poursuis malgré tout en espérant me sentir mieux.
Jolie monotrace
Les kilomètres défilent lentement, je croise quelques marcheurs, quelques biquettes qui doivent bien se demander qui sont ces fous qui courent à cette heure de la journée en plein soleil alors qu'elles font la sieste à l'ombre des bosquets présents ici et là. Il m'est impossible de courir en continu sur ces longues portions de faux plat... j'alterne marche et course lente... les randonneurs vont à peine moins vite que moi... c'est vraiment difficile... en plus je suis tout seul depuis le sommet de l'Aigoual... c'est pas la rigolade. On récupère finalement les hauteurs de Camprieu sur une petite monotrace, où je récupère quelques coureurs avec qui je cause un peu. Cà me remonte un peu le moral de voir que je suis pas seul en difficulté. On bascule finalement dans la vallée du Bonheur vers le dernier ravito en coupant à travers une large plage herbeuse.
La terrible vallée du Bonheur

J'ai parcouru 30km quand je rejoins le dernier ravito... les premiers sont arrivés depuis plus d'une heure, et la partie restante et terrible de ce qu'on a pu m'en dire. Suite à la belle descente qu'on vient d'emprunter, je me sens mieux, je redouble même quelques coureurs! Du coup, le moral remonte un peu et j'entrevois la possibilité de terminer, même si ce sera très loin! Je reste près de 5 minutes au ravito, le temps de bien me rafraîchir et de manger, puis c'est reparti dans la fournaise de la vallée du Bonheur qui pour moi aujourd'hui porte particulièrement mal son nom! Certes c'est magnifique (à part ces pylônes électriques disgracieux...) mais c'est encore une interminable piste en plein soleil, en pleine chaleur... d'après ma montre, il fait 32°C... c'est pas sérieux de courir dans ces conditions aussi longtemps...
L'Abbaye du Bonheur
Km31 c'est reparti pour une belle ascension qui nous ramène au col de la Serreyrède. Cà monte sec, mais dans les bois, il fait meilleur. Je m'y sens un peu mieux, même si les crampes commencent à pointer! Au col, je suis encouragé par quelques bénévoles encore présents, il reste 2km dont un de faux plat montant et un d'une belle descente glissante. A l'approche de l'arrivée, j'entends Claude Razon qui procède à la remise des trophées... c'est la première fois que je finis une course après la cérémonie... incroyable... j'en termine après 5h17 d'effort. Le ravito final a été pillé, il reste un peu d'eau et de pain d'épices. Je souffle un peu et je décide finalement de repartir direct, tant pis pour le repas d'après-course, j'ai juste envie d'une douche et de repos chez moi. Rideau.
Le bilan de cette journée est difficile. Le paysage est magnifique comme toujours dans nos Cévennes, mais le terrain est trop roulant pour moi. Il faut courir quasiment sans cesse et j'en suis incapable à l'heure actuelle. Il est clair que je manquais cruellement d'entrainement pour aborder une telle course, je le savais et je l'ai pris en pleine face! Je ne regrette pas d'avoir participé car çà m'aura au moins permis de réaliser qu'il était préférable pour moi de faire une pause avant d'avoir des ennuis plus sérieux! Suite à ce trail, j'ai décidé de me désengager du Trail du Caroux. Je veux faire ce trail dans de bonnes conditions pour bien en profiter et ne rien regretter. Du coup, je vais me remettre à l'entrainement en douceur puis remonter tranquillement en puissance pour arriver en bonnes conditions pour les trails de fin d'année, notamment le Trail Larzac-Dourbies et l'Hivernatrail.


Trail du Mont Aigoual 2013
(Attention, ce parcours est susceptible d'emprunter des chemins privés ouverts uniquement le jour de la course. Merci de ne pas les emprunter sans autorisations)