mardi 25 mars 2014

Demi-Off des Calanques

La recette d'une journée réussie? Y'a qu'à demander : 23km/1700m+, 16 copains du CTC, 8 filles, 8 gars, du soleil, un peu de grêle pour pimenter le tout et un cadre grandiose !

Plus fort que les mots, voici les images !

Calanque de Sormiou
Calanque de Sormiou
Calanque de Sormiou
Calanque de Sormiou
Crête de Morgiou

Calanque de Morgiou

En direction de Sugiton
Calanque de Sugiton et le Torpilleur

Calanque de Sugiton

Vallon de Sugiton et le Torpilleur

Sous le Col de la Candelle

Au loin Cap Canaille

Les crêtes de Cap Gros

Falaises du Devenson
La Grande Candelle

Vue du Col du Devenson

Pointe de Castel Vieil

Aiguille de l'Eissadon

Calanque de Port Pin

Calanque de Port Miou (sous une averse de grêle...)

La trace 23km/1600m+

Le fichier GPX : ici



lundi 3 mars 2014

Les Pieds sur Terre et la Tête dans les Etoiles


Il y a un an presque jour pour jour, après avoir pris un pied monstre sur le 21km du Trail de l'Oignon Doux, j'assistais à l'arrivée des copains du Cévennes Trail Club qui s'étaient lancés sur les 58km du Trail aux Etoiles. Les voir arriver les uns après les autres, épuisés mais avec les yeux qui brillent et la banane jusqu'aux oreilles, a fini de me convaincre de faire cette course l'année d'après.

Vue sur la Serre de la Toureille
Et un an plus tard, me voici à nouveau au Vigan, dans le cortège qui nous mène jusqu'au centre du village sous des rythmes de samba. Le temps est incroyable. Deux jours auparavant, pluie et neige étaient encore annoncées, mais là, le soleil brille et il fait presque chaud dans les rues où les terrasses sont prises d'assaut. Tout est réuni pour que cette course soit une belle fête, mais çà ne suffit pas à m'enlever cette boule au ventre que je traîne depuis la veille.
J'ai tout prévu pour arriver bien préparé pour cette course, un plan d'entraînement aux petits oignons sur deux mois, des courses de préparations, de la récupération sous forme de randonnées courtes. Mois de Janvier impeccable, mais c'était sans compter sur une vieille connaissance qui est venu se rappeler à mon mauvais souvenir... la tendinite du psoas... pas trop vilaine, malgré tout, puisque j'ai pu finir sans trop de douleurs le Trail de la Galinette. Mais malgré tout, voilà un petit grain de sable qui vient semer le doute dans cette préparation qui était bien huilée... impossible de poursuivre mon plan d'entrainement... je me contente de quelques footings et je compense les sorties longues par des randonnées avec du dénivelé. J'en profite pour faire quelques séances d'ostéo et de kiné. Pas de miracle évidemment, je sens ma jambe encore bien raide, mais si çà peut se jouer dans la tête, c'est toujours çà de pris.

L'Arboux
Alors sur la ligne de départ, c'est l'inconnue. J'ai pris ma remorque avec moi... thermique et chaussettes de rechange, veste de pluie, 3 litres d'eau, des barres, des gels, des boissons énergétiques en poudre,... bref 6 ou 7kg... mille fois trop... mais bon, pour une première, mieux vaut avoir trop que pas assez... et puis avec le recul, je sais maintenant comment améliorer le score.

A midi, le starter lâche les 300 coureurs au départ toujours sous les encouragements des supporters et le rythme de la samba. Je pars doucement avec pour objectif de rejoindre la mi-parcours sans être trop fatigué. On traverse le Vieux Pont puis on longe l'Arre en rive droite sur deux kilomètres. Le peloton s'étire et déjà j'ai perdu de vue les copains du club qui sont partis vite. On attaque la première ascension qui a été modifiée par rapport à l'année dernière, en mieux puisqu'il s'agit d'une sympathique monotrace. Pas de difficultés pour rejoindre la crête où les premiers points de vue donnent le ton de la journée! Ensoleillée!

Vue sur le Fageas et l'Asclier
On redescend ensuite sur l'Arboux en passant par les ruines du Fraissinet. Les encouragements sont fournis au moment où on rejoint la route et où on traverse le hameau. On remonte alors légèrement vers la bifurcation entre les parcours du 21 et du 58km. Je double pas mal de coureurs dans cette portion. Sont-ils partis trop vite ou alors c'est moi qui me laisse trop porter? On est au kilomètre 10 et déjà 500m de dénivelé avalé en 1h20 et tout les voyants sont au vert. Ma jambe ne dit rien jusqu'ici. Alors, je continue sur mon rythme, même s'il me parait un peu rapide.

La Serre de la Toureille
Le premier ravito est à la Rouviérette au km12 mais avant une bonne grimpette nous attend. Elle me coupe un peu les jambes et je suis bien content de faire une courte pause au hameau avant de repartir. Je rattrape d'ailleurs Jérôme qui semble cuit... il est parti trop vite. Je ne m'attarde pas, il aura tout le temps de me rattraper plus tard. On repart sur des monotraces en crêtes qui vont nous emmener à LA grosse difficulté du parcours. La pente est raisonnable et j'arrive à courir sans trop me dépenser, mais je commence à sentir mon psoas qui tire... il aura fallu 15km et 1000m+ pour réveiller la douleur. Je n'aurais pas parié tenir aussi longtemps! Pas si mal!

La Serre de la Toureille
Plus on approche de la Serre de la Toureille, plus cet obstacle semble insurmontable! Mais, il va bien falloir s'y frotter, ainsi qu'à la neige qui y est bien présente. A mesure qu'on gagne en altitude, le vent et le froid se font mordant. Malgré ma soft-shell, c'est parfois limite... et j'en vois qui sont en t-shirt... comme c'est possible? Même mon ch'ti Jérôme pourtant habitué au froid polaire est parti avec sa veste!
A l'arrivée au Col de Peyrefiche, çà souffle violemment, pas beaucoup d'encouragements ici, les quelques supporter restent dans leur voiture et nous applaudissent bien au chaud. Je profite de la portion de bitume pour bien me ravitailler et pour sortir les bâtons avant l'ascension.

Vue sur le Col de Peyrefiche
L'attaque est méchamment raide et surtout très technique dans les cailloux... je galère avec mes bâtons... 4 appuis à gérer au lieu de 2... après coup, je regrette de les avoir sorti à ce moment là... je pense qu'ils m'ont plus ralenti qu'autre chose. Mais bon, j'avance doucement au milieu des genêts et des plaques de schiste rendues glissantes par le ruissellement de l'eau de fonte de la neige. Je me fais rattraper par pas mal de coureurs, mais je ne m'inquiète pas. Surtout ne pas se mettre dans le rouge! Puis, on arrive dans la portion enneigée. Sous le soleil, c'est le top. Tout les coureurs que je croise ont la banane malgré l'effort. Et franchement il y a de quoi! La vue porte loin vers l'Aigoual, le Lozère et tout le sud des Cévennes. La pente se fait moins raide et on débouche finalement au sommet. Pas trop de vent quand j'y passe, du coup je prends le temps de faire quelques photos et de montrer le Pic Saint-Loup à un coureur qui cherchait son repère visuel (un Montpelliérain qui s'est perdu? ^^).

Premières neiges
A ce moment là, j'ai parcouru 18,7km pour 1550m+/540m- en 3h15... les premiers sont déjà au 33ème km... et moi, il m'en reste 40... heureusement que je ne pensais qu'à une chose là-haut, rejoindre le ravito quelques centaines de mètres plus loin et que je n'ai pas fait ce calcul, çà aurait été un coup à me décourager. J'y refais les niveaux, avale quelques fruits secs et range mes bâtons pour la descente. On suit un superbe sentier en balcon qui offre une belle vue sur le vallon de Coudoulous et Aulas où se situe le prochain ravito. Mais il reste encore 13km et 1000m à dégringoler!

Un bon manteau neigeux
Cà commence d'ailleurs par un passage très technique et glissant droit dans la pente, là où il n'y a pas de sentier... c'est bien casse-gueule... je finis deux fois sur le cul, sans dommage heureusement. Puis on récupère un chemin qui se transforme en large piste à mesure qu'on descend. Exactement le genre de chose que je n'ai pas, que je redoute... et évidemment, la douleur revient mais plus forte cette fois... pas de quoi m'arrêter, mais quand on sait qu'il reste plus de 30km, il y a de quoi s'inquiéter. Et comme si çà ne suffisait pas, j'ai des débuts de crampes. Immédiatement, j'avale un gel anti-oxydant et je redouble la fréquence de mes prises d'eau qui étaient pourtant régulières... Cette descente est vraiment longue et je commence à trouver le temps long, d'autant que je suis tout seul à ce moment-là... enfin, j'ai toujours mon psoas pour me tenir compagnie... et là, en lecteur attentif, vous vous dîtes, mais, mec... tes bâtons, sors les, çà t'aidera... ben non... quand on est con... c'est donc arrivé en bas, que je me ferais cette réflexion... mieux vaut tard que jamais!

Au sommet
L'arrivée à la mi-parcours offre une très belle vue sur Aulas. Quelques encouragements dans le village puis j'arrive en un peu moins de 5h au 3ème ravito. Je prends le temps de changer de chaussettes, que je ne les trimballe pas pour rien! Je constate que j'ai déjà de belles ampoules... çà va être beau à l'arrivée... je remplis mes gourdes, j'avale un bol de soupe, gruyère et tartines de paté pour couper le sucré avec lequel je commence à avoir du mal et je repars sans avoir vu Jérôme.

On quitte Aulas par une petite sente qui grimpe vers Carnieu pour redescendre sur les hameaux de Serres et Mars. Puis c'est la deuxième grosse ascension vers le Col de Mouzoulès. Je sors mes bâtons pour ne plus les ranger et j'attaque en marchant à bon rythme. La nuit commence à pointer et quand j'arrive au Col, on n'y voit plus guère. Je fais une photo du menhir dressé ici et je mets ma frontale. Encore un petit kilomètre et c'est la bascule vers Bez. Le passage en crête est super sympa, roulant et avec une vue sur la vallée éclairée de quelques spots lumineux disséminés ici et là. Je me retourne à quelques reprises pour apprécier le ruban des frontales dans la nuit! Magique!

Au sommet
Après une courte remontée sur le Rocher de Comte, on attaque une descente très glissante avec un groupe de 4 coureurs. Plusieurs finiront sur les fesses sans gravité, et du coup, au milieu de la nuit, même si je me sens capable d'aller plus vite, difficile de prendre des risques pour les passer. Alors je reste patiemment derrière. J'entre ainsi dans le village pour l'ultime ravito. 47ème kilomètre. A noter que depuis Aulas, je n'ai pas eu une douleur dans la jambe! A n'y rien comprendre...
La nuit étant finalement relativement douce, je décide de ne pas enfiler mon thermique au risque d'avoir trop chaud. J'avale une bonne soupe, toujours du salé, gruyère et paté. A ce stade, je ne peux plus du tout avaler de sucré... les barres me donnent la nausée, les boissons sucrées pareil... du coup, de l'eau dans les bidons et je prie pour que les gels ne m’écœurent pas, sinon je risque d'avoir des crampes! Et juste avant de partir, v'là mon Jérôme qui arrive en gueulant : "put... çà fait 20 ans que je fais du trail et j'suis toujours aussi c..!" Voilà, çà au moins c'est dit! Le bougre est parti trop vite et n'a pas ravitailler suffisamment... du coup à l'arrêt du km 10 au 30... mais là, çà à l'air d'aller mieux. Je le laisse ravitailler en sachant que de toutes façons, il va me revenir dessus comme un avion.
Aulas

Je traverse le village de Bez en direction d'Esparon, un joli village perché que je n'aurai pas l'occasion de voir dans la nuit Cévenole. La montée est courte mais assez raide, 2km pour 300m+, mais pourtant elle passe bien. Je marche à mon rythme sans me mettre dans le rouge. A la moitié de l'ascension sur une portion de bitume, alors que j'observais les étoiles, je suis éclairé par un phare de voiture... ah non, c'est Jérôme et sa frontale à pleine puissance. Et comme prévu, il me revient dessus comme un mort de faim. Il essaie de m’entraîner dans sa roue, mais rien n'y fait. Dans la descente, il a plus de jus et je le vois disparaître petit à petit.

Equilibrisme
Je traverse le village de Molières bien désert à cette heure. En traversant la nationale, je suis encouragé par les bénévoles qui m'annonce encore 5km de plat. Mais, je sais que ce sera difficile pour moi... et ce sera le cas... retour du psoas gagnant, crampes,... bref de quoi finir en beauté. Le dernier gel que je me suis gardé me sera d'un grand secours. Sans lui, je serais peut être encore en train de ramper vers la ligne d'arrivée! Cette partie du parcours est certainement la moins intéressante car quasiment entièrement bitumée, heureusement qu'il fait nuit et que je n'éclaire que le bout de mes baskets. J'arrive à Avèze, encore une petite bosse et c'est l'arrivée. Je double deux coureurs à l'arrêt en train de marcher en descente, puis je retrouve le Vieux Pont enfin! La traversée du Vigan jusqu'au gymnase me semble durer une éternité, mais je sais que çà y est, j'ai réussi mon pari. Les félicitations sont nombreuses à l'arrivée et çà réchauffe le cœur de voir encore tant de monde alors que les podiums sont passés depuis longtemps.

Col de Mouzoulès
Je retrouve Jérôme qui est arrivé un quart d'heure avant moi, les autres copains du CTC sont arrivés depuis belle lurette. A ce moment là, je n'ai qu'une envie, c'est de me faire masser. Je sais qu'il y a des kinés et l'opportunité est trop belle! Et si en plus, çà peut m'éviter des courbatures de fou, tant mieux. Mais manque de pot, ils sont tous partis manger. Du coup, je me change en vitesse, et j'oublie la douche, pas le courage de me doucher à l'eau froide... et je vais manger en espérant pouvoir me faire masser/soigner après. Je vois aussi arriver Bertrand avec la banane, c'est un peu grâce à lui si j'arrive à terminer aujourd'hui! Qui sait si sans ces soins, je n'aurais peut-être pas franchi la mi-parcours? Après un bon repas, je monte voir les kinés, mais non, ils sont définitivement partis... dommage... je sais bien que ce sont des bénévoles, mais tout de même, je ne peux pas m'empêcher de penser que tant que je ne serais pas meilleur, ces opportunités ne seront pas pour moi... aller, au lieu de râler, va t'entraîner!

Je termine en un peu moins de 10 heures. Je pensais pouvoir faire mieux, mais vu les circonstances, je ne peux pas être déçu. C'était une course formidable avec des paysages incroyablement beaux, une météo inimaginable il y a encore une semaine. Les bénévoles sont au top, le balisage parfait. Je m'attendais à en prendre plein les yeux et plein les guiboles, je ne suis pas déçu. Et puis cette fin dans la nuit, sous les étoiles, à la frontale, çà valait bien les sacrifices de ce début d'année.
J'attendais aussi de cette course qu'elle me donne des indications sur ma capacité à courir sur des longues distances. Bon, certes, ma performance n'est pas ridicule, loin de là, mais je pense qu'avant de me lancer sur des distances supérieures, je vais essayer de progresser sur ces distances intermédiaires entre 40 et 60km. Et là prochaine ce sera en mai dans le Cantal, 50km entre Salers et le Puy Mary! J'ai déjà hâte d'y être!

Merci à tous pour vos encouragements.

Parcours 57,9km (GPX ici) : Partie 1
Partie 2

Profil 2880m+