jeudi 2 avril 2015

Trail du Ventoux, l'occasion manquée



J'ai longtemps hésité avant de m'inscrire au Trail du Ventoux. Ces grosses courses, ces grosses machines comme les Templiers, la 6000D,... qui regroupent plus de 1000 coureurs sur une distance ne m'attirent pas plus que çà, moi qui aime le côté intimiste du trail. Mais la tentation d'aller se frotter aux pentes du Mont Chauve avec quelques copains du club a été plus forte.
J'ai attendu cette course tout l'hiver, me préparant consciencieusement en côte (plus de 10000m+ en deux mois), me voyant déjà franchir ce sommet mythique, mais voilà que la veille de la course on nous annonce que les conditions de terrain et la météo ne nous permettront pas d'y passer.
C'est la grosse désillusion pour moi... Du coup, je me dis que je vais plutôt partir sur le petit parcours, car finalement à quoi bon faire 40km si c'est pour éviter le sommet. Je me suis inscrit pour çà! Aude, Nico et Roxane, comme moi, sont déçus mais peut être un peu moins résignés et comptent bien aller au bout du parcours long.
On se retrouve tout les quatre le samedi soir  à la Maison Bécaras où un très bon accueil nous est réservé. Après un excellent repas d'avant course à base de pâtes "maison" dans le sympathique restaurant "Pasta e Basta", nous allons finaliser les derniers préparatifs et essayer de dormir sans trop penser aux conditions difficiles annoncées pour le lendemain...


Réveil matinal difficile, il a plu toute la nuit à verse. Le ciel est bouchée, il fait plutôt frais ce qui présage un froid glacial sur les hauteurs. Mais on se motive malgré tout! Je rejoins en courant le centre des Florans avec Nico. On y croise tout le gratin du trail Français. Après un court échauffement pour se réveiller, c'est déjà le moment de se placer sur la ligne de départ.
Comme attendu, çà démarre à fond! Je prends tranquillement mon rythme sans me laisser aspirer par le flot de coureur et monte assez vite en température. Les premières côtes sont assez désagréables dans un mélange de boue et de glaise rendue impraticable par le passage des premiers coureurs. Du coup, on s'accroche aux branches, aux rochers, aux autres coureurs, certains coupent franchement hors piste (...bravo!), mais on finit par sortir de cette mélasse.
Puis, j'atteins les premières crêtes, magnifiques points de vue sur la vallée et j'aperçois même très brièvement le sommet du Ventoux. Les premiers bouchons se forment ici et il n'y a rien à faire qu'à prendre son mal en patience (ou alors on peut couper comme certains se le permettent... moi je choisis de respecter le tracé proposé par l'organisateur et pus généralement la nature!... chacun son truc...).

On s'élève progressivement et la température chute petit à petit. Les premières traces de neiges font leur apparition à 900m environ ainsi que le brouillard. Au premier ravito, je remplis mes gourdes et ne traîne pas longtemps sur place. Quelques centaines de mètres plus loin c'est la bifurcation et comme tout va bien jusqu'à présent, je me décide finalement à continuer sur le long. Et bien m'en a pris car je me retrouve alors dans une magnifique forêt couverte de neige (voir la cette vidéo suivante pour se faire une idée) ! Superbe, mais difficile d'avancer tant le passage des coureurs précédents à tasser la neige la rendant glissante comme de la glace! Il faut vraiment se méfier au risque de finir au tapis!
Quelques minutes plus tard, j'atteins le point haut du parcours, 1500m, on ne montera pas plus haut... c'est dommage car il ne fait pas si froid que çà et le vent est faible, on aurait pu aller plus haut, en tout cas moi, oui car j'avais encore une couche à enfiler dans mon sac! On descend finalement une longue piste recouverte d'un blanc immaculé. Quelques figures libres plus bas, on plonge alors sur une monotrace qui nous emmène vers le second ravito.
On croise plusieurs Jas, sorte de cabane de bergers ou de chasseurs, avant d'arriver au ravito. Je me sens bien, alors je ne traîne pas longtemps sur place. C'était une erreur, car juste après se présente une belle montée dans la Combe d'Ansis, 300m+ en moins de 2km... au début, je prends un bon rythme, mais plus j'avance plus la pente est raide et je finis par craquer... je commence à sentir la tête qui tourne... pause, barre de céréales, eau... je repars mais perds pas mal de place.
En haut de cette côte, le vent souffle à nouveau fort, il neige quelques petits flocons, il ne faut pas traîner et se couvrir. Heureusement, on replonge vite dans la vallée et dans le single à flanc de coteau, c'est reparti pour les montagnes russes!

J'avance tranquillement reprenant, mais cédant aussi quelques places, jusqu'au point d'eau de la Baume du Chat. Là, on m'annonce l'arrivée à 10km... je suis étonné, car j'ai à peine 29km à ma montre, tout comme les autres coureurs autour de moi... on nous a annoncé 44km pourtant?
C'est donc parti pour le dernier assaut toujours en single! On passe dans l'entrée de quelques jolies grottes dans la Combe de Malaval. Passage assez unique! Super sympa, très roulant, mais usant au possible! Je sens les crampes monter doucement. Puis on débouche enfin dans la plaine, on traverse quelques champs de vigne, passe dans un petit tunnel de 1m20 de haut... de quoi bien déclencher les crampes... aïe... puis c'est la dernière relance et le coup de cul final sous une petite bruine. Je franchis la ligne en moins de 6h, pas trop mal avec du recul, vu les conditions de terrains!
Après quelques jours de repos pour le corps et la tête, j'ai finalement passé un bon moment sur ce trail. Certes, j'ai toujours cette amertume de ne pas être passé au sommet, d'avoir été bouchonné,... mais bon, j'ai bien travaillé le physique et surtout le mental! Plusieurs passages étaient vraiment superbes, la montée dans la neige vers les 1500m, les Jas, la combe d'Ansis, de Malaval, superbes! Je ne peux que vous encourager à aller à Bédoin pour tenter ce sommet. Moi, j'y retournerai en off, car je ne peux définitivement pas resté sur çà! Il me faut ce sommet!


(Attention, ce parcours est susceptible d'emprunter des chemins privés ouverts uniquement le jour de la course. Merci de ne pas les emprunter sans autorisations)


Aucun commentaire: