mercredi 6 novembre 2013

Trail Larzac-Dourbies - Soyons fous!


En Avril, je m'étais éclaté comme un gosse à Saint-Jean du Bruel pour le Trail du Roc de la Lune. Aussi, je m'étais dit que revenir courir dans ce beau coin d'Aveyron ne serait pas une mauvaise chose. Mais pourquoi attendre un an et la 7ème édition, alors qu'en Novembre, il y a le Festival des Hospitaliers à Nant, le village voisin! Et pour finir de me convaincre, les copains du CTC n'ont cessé de me vanter cet événement.
Pour la petite histoire, c'était le village de Nant qui accueillait il y a quelques années le Festival des Templiers. Mais devant l’ampleur que prenait cette course, l'équipe Nantaise a cédé l'organisation à Millau plus à même de porter un événement rassemblant plus de 5000 coureurs. Le Festival des Hospitaliers reprend les choses là où elles s'étaient arrêtées, avec pour but de perpétuer l'esprit originel des Templiers à Nant, convivialité, simplicité, hospitalité, respect des sites naturels. Pour ces raisons, chaque épreuve est limité 500 participants.
Le CTC aux Hospitaliers

Du coup, me voici ce samedi matin 2 Novembre à 10h à m'envoyer une grosse plâtrée de pâtes avant de prendre la route pour l'Aveyron! Eh oui, le départ est à 14h... il faut donc manger suffisamment tôt avant ce départ pour éviter une digestion en pleine course... et comme je ne suis pas habitué à ces départs en après-midi, une petite appréhension s'installe. Malgré tout, je me sens bien. Il faut dire que j'ai pu profiter d'une semaine de congés pour bien me reposer et bien mémoriser le parcours et le profil. 
Je retrouve sur place Jean-Emile, Fabrice, Florence, Fred et Pascal de Courir en Uzège qui fera le 75km du dimanche. Je récupère mon dossard dans une sorte d'ancienne église au centre du village qui est juste magnifique! Je retourne me préparer, et je retrouve les copains sur la ligne de départ. On partage nos impressions d'avant course qui sont plutôt positives dans la mesure où la pluie annoncée initialement semble laisser la place à quelques éclaircies! On fait nos pronostics de chronos. Pour ma part, j'annonce sans trop y croire un 3h40, soit le chrono de Phil en 2012. Je fais presque rigoler les copains qui annoncent plutôt 4h, ce qui me semble plus plausible en effet!
3...2...1...GO!
L'heure du départ est proche et on se masse dans l'aire de départ. L'ambiance est là, il y a un monde fou dans le village. Le top départ est donné au fusil à l'ancienne! On traverse le village et on prend une petite route sur un peu plus d'un kilomètre. J'en profite pour remonter un peu sur la tête le peloton avec Fred à mes côtés. On quitte le bitume pour un large chemin plutôt caillouteux et gras qui monte tranquillement, juste de quoi écrémer et remettre à leur place ceux qui sont partis trop vite. On double, on me double, bref c'est le départ, toujours un moment euphorique où tout les espoirs sont encore permis.
La pente se durcit lorsqu'on arrive dans les châtaigniers et il devient vite déraisonnable de courir alors qu'il reste encore 25km! Donc, je marche! C'est pas plus mal, car je commençais à sentir que moi aussi, j'étais finalement parti un peu vite! Fred est toujours là, mais au détour d'un virage, il s'arrête pour, je crois, enlever des épaisseurs. J'imaginais sur le moment le voir vite revenir, mais ce ne sera finalement pas le cas.


Paysage de Causses
La pente se fait moindre et on rejoint le plateau après environ 400m de grimpette. C'est là que je relance, et que je commence à doubler. Le paysage se fait désertique, on arrive sur le territoire des brebis et des bergers. C'est magnifique. Après un beau chemin bordé par les arbres et les prairies, on passe au hameau des Liquisses. J'aperçois Christine et Pascal qui sont là et qui m'encourage en choeur. Mais ils sont loin d'être seuls, il y a deux rangées de mains levées de chaque côtés du chemin qui applaudissent et font des photos. J'ai jamais vu çà après tout juste 5km de course! Et ce sera comme çà à chaque croisement de route! Incroyable cet engouement!
Le tracé se poursuit alors sur le Causse du Larzac empruntant des petits singles roulants et des pistes où c'est un plaisir de courir. Par contre, le Causse est loin d'être plat! Cette partie peut sembler facile, mais c'est loin d'être le cas, il faut sans cesse relancer et pousser sur les jambes. Ces portions sont magnifiques, on passe même à l'intérieur de la bergerie de l'Oulette! Authentique!
Puis le premier ravito se profile au km10. On est scanné à l'entrée, 1h05 pour moi. Pas mal vu le dénivelé avalé. Je remplis un bidon et je repars en me gavant des raisins secs que j'ai emporté dans une petite poche. On contourne un vieux corps de ferme et c'est reparti pour quelques kilomètres de causse.
Vallée de la Dourbie
Après le point haut du tracé, on amorce la descente. Là, je regarde mon chrono et un coureur à côté me dit qu'on est bien parti pour faire moins de 4h! Tant mieux! A mesure que nous plongeons dans la vallée de la Dourbie, on retrouve une végétation plus dense et des monotraces bien techniques et rapides comme je les affectionne. Je relance de plus belle entre les chênes blancs et les buis. A l'approche de Saint-Sauveur, on prend une petite sente droit dans la pente... je suis arrêté net! Le mur n'est pas bien long, mais çà coupe les jambes et le souffle! Je monte dans les tours et en sortant, on retrouve tout plein de monde qui nous pousse. Christine et Pascal sont encore là!

Cantobre
On bascule à nouveau. La pente descendante est plus prononcée, mais je ne ralentis pas au contraire. Je prends quelques risques pour doubler hors-sentier car certains coureurs ont une vraie appréhension dans ces passages techniques et sont vraiment super lents! Je m'éclate comme un fou dans cette portion, jusqu'à ce que je tombe sur un bouchon... 3/4 bonhommes qui sont à l'arrêt et c'est impossible de doubler, la végétation est trop dense... je colle, je fais du bruit pour signaler mon envie de passer, mais pas un ne s'écarte... la 4ème féminine arrive derrière moi comme un avion et se retrouve confrontée au même problème. Sur la toute fin de la descente, je vois une possibilité de passer, j'y vais comme un sauvage même si çà ne sert à rien puisque plus loin je serai repris... mais j'étais frustré d'avoir été coupé dans mon élan, frustré qu'on m'ai gâché le plaisir que j'avais dans cette descente... mais bon, c'est le jeu...
Cantobre
On retrouve les berges de la Dourbie qu'on traverse un peu plus loin. A ce moment se profile une longue portion sur DFCI dans un large cirque formé par un méandre de la Dourbie. Puis, on remonte à flanc de coteau. La pente n'est pas très importante mais après cette partie très roulante, le rythme est coupé. Dur, dur à ce moment là, car je commence à avoir faim! Là, je me rends compte que la suite va être dure, qu'il va falloir serrer les dents! Il reste pourtant 10km et plus de 500m+. Peu après, on débouche dans un passage incroyable à même le rocher. C'est comme si, la falaise avait été creusée pour nous laisser passer. On aperçoit Cantobre, le second ravito, de l'autre côté du vallon. Le seul hic, c'est qu'il faut descendre tout au fond du vallon, traverser le ruisseau pour remonter en face... et d'où, je suis à ce moment là, on aperçoit déjà que çà monte raide, très raide!
Cantobre, perchée sur son roc
J'ai toujours la 4ème féminine derrière moi, et elle se fait pressente, je lui propose de passer, elle me répond que si je descends bien, je peux rester devant! Ok! Alors c'est parti! Je lâche tout! Je glisse sur les pierres, je m'accroche aux branches qui traînent, les mains servent d'appui, bref c'est technique, j'adore, c'est presque risqué, mais çà passe, c'est le pied! Et ma féminine est toujours là!!! En bas, une grille et deux maigres cordes font office de pont. Je m'engage à bonne vitesse, mais comme çà tangue fort, je dois me ralentir et m'aider des cordes pour éviter de basculer... sacré prise de risque en quelques minutes, mais quel pied!!! Malheureusement, ce plaisir sera de courte durée car se profile la montée vers Cantobre et celle-là, je m'en souviendrais!!! J'en ai franchement chié, les cuisses ont chauffé comme rarement, le souffle est coupé... j'ai vu des étoiles sur la fin... j'arrive dans le village complètement cramé, mais supporté comme jamais par les spectateurs.
  
Nouvelle originalité pour moi, le ravito est dans une belle maison au cœur du village! Je mange quelques raisins secs, banane, quelques tucs, je fais les niveaux et je repars rapidement. On descend dans une petite gorge bien humide où on a droit à un peu de franchissement. Puis on débouche sous un pont avec, là encore, une foule incroyable. J'aperçois encore Pascal et Christine qui continuent de m'encourager. On sort de la gorge puis c'est l'attaque de la dernière ascension. Au début, c'est méchamment raide, je n'avance plus... heureusement que des coureurs sont derrière moi, car sinon je reculerais... je suis dans le dur, plié en quatre... çà pue le manque de gainage, çà! Mais si ce n'était que çà... les cuisses aussi n'en peuvent plus, je sens que je ne suis plus trop lucide... heureusement, la routine de la pente est cassée par un passage sous quelques falaises, çà aura le mérite de me réveiller, à défaut de me rendre mes jambes. Après quelques petites escalades, on récupère la crête et la pente se fait plus douce! Je peux relancer enfin, mais ce sera de courte durée, car je sens le souffle qui devient court, la tête qui devient lourde... l'hypo arrive... je lève le pied, j'avale une compote qui trainait dans mon sac, et je décide de marcher le temps de retrouver mes esprits. Pendant ce temps, çà double de tout les côtés...
Hauteurs de Nant
Puis, on arrive sur le Causse Bégon! Fini la grimpette! On tourne sur les hauteurs du Roc Nantais par des superbes monotraces. La lumière baisse, mais désormais je sais que je n'aurais pas à sortir ma frontale! La descente a lieu sur une monotrace en terre souple, mais traversée par une multitude de racine glissante! Il faut se gaffer car c'est méchamment raide! Une corde est même mis à disposition pour désescalader la portion la plus difficile. Je descends comme un cabris, je rattrape et double tout ceux qui m'ont repris dans l'ascension, je suis à bloc. Les 3h40 sont à ma portée! La fin de la descente est terrible, j'ai les quadris en feu et encore deux coureurs en visuel, mais je dois ralentir sous peine de tomber en avant faute de pouvoir retenir le basculement vers l'avant. L'entrée dans Nant se fait pas le pont qui enjambe la Dourbie, la foule est toujours aussi nombreuse. J'ai du mal à franchir le pont, je sens les crampes monter du fait du changement brutal de foulée... lever les jambes est douloureux. Puis c'est la dernière petite bosse et la ligne d'arrivée, gorge nouée sous les applaudissements, presque les larmes aux yeux. 3h41! 95ème sur 450 arrivants! C'est de loin mon meilleur résultat, je suis cuit, mais heureux!
Que dire de cette course, si ce n'est que c'est l'une des plus belles que j'ai pu faire, mais aussi une des plus difficile! La balisage est parfait, les bénévoles au top, l'accueil au village chaleureux! Mais ce qui m'a le plus impressionné c'est cette foule incroyable sur les bords des chemins! Je n'ai jamais vu çà! Et puis, à la tombée de la nuit, voir toutes ces lucioles au loin dans la derrière descente, c'est magique! C'est confirmé, j'adore cette vallée de la Dourbie, j'y reviendrai pour le 75km, ou pour le Roc de la Lune, ou pour les deux! Soyons fous!
Tracé 29,9km

Profil 1190m+
 Merci à Christine et Jean-Emile pour les photos

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est magnifique !!! Bravo pour ta belle perf ;-)
Roxane

jphi a dit…

Ça donne envie ton CR... L'année prochaine peut-être...
PS: pour doubler tu annonces "à gauche" ou "à droite" ça marche assez bien. Si tu attends que les coureurs se rangent d'eux-mêmes tu risques d'attendre longtemps... ;)

Patrick. a dit…

Beau et haletant récit Romain, on court avec toi dans ces lieux magnifiques et chargés d'histoire.
Si tout va bien pour moi jusqu'à l'année prochaine on fera le 75 ensemble (enfin, sur la ligne de départ !!)