lundi 27 octobre 2014

Intégrale des Causses


Après le Trail aux Etoiles et la Pastourelle, je voulais terminer cette saison 2014 avec un dernier trail long. Sous l'impulsion de Yorick, je me suis finalement décidé pour l'Intégrale des Causses dans le cadre du Festival des Templiers à Millau. Cette course toute nouvelle, 2ème édition seulement, reprend à peu de chose près la fin du parcours de l'Endurance Trail, et limite le nombre de participants à 300 ce qui est bien à mon sens et évitera de passer ces 60km et 2800m+ à se marcher dessus...
Vase de Sèvres
Qui dit Festival des Templiers, dit foule immense de coureurs, accompagnateurs, suiveurs, journalistes, commentateurs... bref, faut aimer la foule, les bouchons, le bruit,... pour ma part, je fais un passage éclair au salon du Trail pour retirer mon dossard et mon lot de bienvenue, je fais un coucou aux copains et je file au calme à Nant pour me préparer (oui, j'aurais pu choisir un coin plus prêt, mais là-bas j'étais pénard!).

Le départ est donné à Mostuéjouls le vendredi matin à 7h, ce qui me fait lever à 4h... 30min de voiture, autant de navettes et me voilà sur place avec Yorick et Yannick. Le beau temps est annoncé pour la journée, mais ce matin qu'est-ce que çà caille!!! En quelques jours, on est passé d'un temps quasi estival à une fraîcheur quasi hivernale... tout juste 3°C quand les fumigènes rouges sont allumés et que retentit Ameno, la célèbre musique d'ERA qui lance toutes les courses du Festival.

Balcons du Vertige
Dès les premières foulées j'adopte un rythme cool, le but est de le garder tout le long. Yorick et Yannick sont déjà loin devant. A peine, 1km et je vois un flot de lumières revenir en sens inverse... c'est un gag, on s'est déjà planté de chemin! Demi-tour, on récupère une petite monotrace et tout les leaders qui repassent à grand coup d'épaules. On traverse Liaucous, magnifique petit village encore endormi, puis on attaque par une petite sente qui monte au-dessus du Rozier. Rien de méchant, mais déjà çà bouchonne... je ronge mon frein, et me dit que cette énergie économisée me sera bien utile à la fin. J'en profite pour admirer la guirlande de frontales et le jour qui se lève sur les Causses.

Chapelle de St-Jean de Balmes
Après une courte descente, me voici déjà au Rozier. Je ne m’arrête que pour boire un verre d'eau et je repars aussi vite pour attaquer la première vraie ascension vers les crêtes de la Jonte. Je retrouve le sentier parcouru quelques jours plus tôt avec Pat et le reste du CTC. Je sors mes bâtons et je prends mon rythme. Pas de grosses difficultés dans cette ascension, ce qui permet de bien profiter du lever du jour sur le balcon du Vertige! C'est juste magnifique!

Le soleil réchauffe bien l'atmosphère, mais dans les ravins et au fond des vallons, la température est encore glaciale. Je me lance dans la descente vers le Truel sans prendre de risque. Je suis toujours dans l'objectif de m'économiser pour éviter de payer le prix fort à la fin. Au Truel, on prend les petits chemins de traverse et on passe sous le village sur les berges de la Jonte. Ce secteur encaissé est très glissant, humide et froid... pas très agréable, sauf pour un pécheur qui recherche du calme et du poisson frais!

Paysage de Causses
Après un bon kilomètre, on reprend l'ascension vers le Causse Noir. Çà démarre sec, mais la pente reste modérée. Juste avant de ressortir sur le plateau, je vois Yorick et Yannick me rattraper et après quelques conneries échangées, ils me déposent sur la relance. Voilà près de 3h que je cours, et j'ai un premier coup de mou... au départ, je me suis fixé de manger une barre énergétique toutes les heures, mais là pas moyen d'avaler celle-ci... déjà plus envie de sucré... j'ai mal à la tête, presque envie de vomir... vraiment pas terrible... j'arrive finalement à relancer grâce à une petite descente, mais je sens qu'il va falloir ralentir un moment le temps de reprendre mes esprits.

Gorges de la Dourbie
Après quelques passages auprès de superbes fermes caussenardes, j'arrive à St-André de Vézines, km24 pour un premier vrai ravito avec pas mal de monde sur le bord de la route pour nous encourager. Sous un grand préau, je fonce directement sur ce qui me fait envie, du gruyère et des chips! Quel régal, çà passe tout seul avec un grand verre d'eau gazeuse! Je remplis mes bidons et je ne m'attarde pas. J'ai toujours des sensations étranges, mais çà tient. Il doit être pas loin de 11h et le soleil commence à taper, mais il y a toujours une petite brise sur les hauteurs qui m'oblige à garder mes manches longues.

Corniche du Rajol
On descend progressivement jusqu'à Montméjean avant quelques très beaux points de vue sur la vallée de la Dourbie, puis on remonte toutes la Corniche du Rajol. C'est pour moi la plus belle portion du parcours! On navigue dans une mer de rochers ruiniformes, vases, arches, failles, colosses dolomitiques et vautours en prime! Je me retenais pour ne pas m'arrêter faire des photos toutes les 2 minutes! C'est ici que je me fais rattraper par les premiers de l'Endurance Trail... des avions malgré 70km dans les pattes... Après une superbe visite de Roques Altès, dont un passage dans une arche, on attaque la descente vers la Roque-Ste-Marguerite par la ravin du Riou Sec. Le sentier est très technique, caillouteux, il est parfois impossible d'y courir... pas de point de vue à se mettre sous la dent, bref un long moment à passer et que je suis content de voir s'achever en entrant dans le village. Toujours autant de monde sur le bord des chemins, lorsque j'arrive au ravito. Bis repetita, gruyère chips, combo gagnant du jour! Je fais les niveaux, car je sais qu'un long morceau se profile avant de pouvoir à nouveau ravitailler.

Roques-Altès
Je repars rapidement grattant ainsi quelques places, traverse la Dourbie et attaque directement la grimpette vers le Larzac. Cette ascension est terrible dès le début, 20 à 30% dans la terre... on est sur un versant nord, pas de soleil, il fait froid, humide... heureusement, on sort vite sur le causse et la vue se dégage sur Pierrefiche, quasi déserte. Le tracé nous fait zigzaguer à travers pelouses sèches typiques du Larzac, les buis et les forêts de chènes, puis on se retrouve sur la corniche avec là encore de superbes points de vue sur la Dourbie. Depuis Pierrefiche, je me sens mieux et j'arrive à relancer malgré les douleurs dans les jambes. Je me retrouve en tête d'un petit groupe lorsqu'on plonge dans la gorge. S'en suit un très long monotrace en dévers qui longe la rivière alternant les bosses et relances... un vrai supplice à ce moment là pour moi. Mais, je m'accroche et mène toujours mon petit grupetto, qui semble bien content de me voir imposer le rythme, mais aucun ne prendra le relais, me laissant m'épuiser.

Arche de Roques Altès (photo de T.Walter 2012)
Arrivé à Massebiau, je profite du point d'eau, un petit puits en auto-gestion, pour remplir mes gourdes vides et enfin laisser mes manches longues pour un t-shirt, car l'ascension à venir est en plein soleil! Je perds pas mal de place dans l'opération, mais je repars "frais" ce qui fera mes affaires plus loin. L'ascension comme prévue est terrible, plus de 400m+ en 1.6km... il me faudra près d'une heure pour rejoindre le Cade depuis le fond de la vallée... mais finalement, je suis pas si mal dans la montée car je ne me fais doubler que par quelques coureurs du 100km et je ramasse les morts du 60km. Et aussi surprenant que çà puisse paraître, j'arrive à relancer sur la causse et reprendre encore des coureurs perclus de crampe. J'arrive tout content au Cade, car je sais que je n'ai plus qu'à descendre. Je bois quelques gorgées d'eau et emporte quelques chips avant de repartir rapidement car je me sens bien et je veux en profiter.
La Roque-Ste-Marguerite

La dernière partie du parcours aura été un plaisir car j'ai trouvé un incroyable second souffle, j'arrive à courir à près de 10km/h après 55km! L'euphorie de l'arrivée m'envahie et quand je vois un dossard devant je donne tout pour le passer. Dernière descente, je reprends encore des coureurs à l'agonie, traversée de la grotte du Hibou, puis je dévale, je saute, j'enjambe, j'esquive, je n'ai plus mal nul part, encore un groupe devant, je fond sur eux comme un vautour sur sa proie, je gagne plus de 10 places sur le dernier kilomètre, incroyable! Je franchis même les dernières marches en courant, alors que je m'étais imaginé ramper jusqu'à cette satané ligne d'arrivée! Et bien non, je passe sur mes deux jambes en moins de 10h en 109ème position sur plus de 300 partants. Je suis le premier surpris par cette place, je pensais être beaucoup plus loin, mais en regardant les classements intermédiaires, j'étais plutôt régulier. Je regagnais aux ravitos (et dans les derniers km) ce que je perdais sur le terrain.
Pierrefiche

Avec quelques jours de recul, je suis super content de ma course et de la façon dont je l'ai gérée car je finis bien. Certes, 3 jours après j'ai encore un peu mal aux jambes, mais je m'attendais à pire. En tout cas, je repars confiant sur mes possibilités sur ce format de course et je commence déjà à regarder quoi faire l'an prochain!!!
Pour l'organisation, mis à part le couac du départ avec un balisage plus que light (de nuit, faut assurer à ce niveau), rien à dire, les ravitos copieux et des bénévoles sympathiques jamais avares d'encouragements. Et puis quel endroit magnifique pour courir. J'en remets une couche mais, la corniche du Rajol, quelle claque ce fut! A refaire absolument en off !




Paysages de Causses

Gorges de la Dourbie et Millau au loin

Pont de Massebiau (photo de P.Dablon 2008)

Millau depuis la Pouncho d'Agast

(Attention, ce parcours est susceptible d'emprunter des chemins privés ouverts uniquement le jour de la course. Merci de ne pas les emprunter sans autorisations)

2 commentaires:

Jphi a dit…

Super course Romain ! En plus tu as eu le temps de prendre des photos, on se rend bien compte des super paysages traversés... ça rappelle ce bon week-end Tarn avec le CTC ! :)
Bravo, finisher !

Unknown a dit…

Beau récit de la course et Bravo pour ta belle performance ! Ça décoiffe ! ;-) :-)
(Novalee)